Avant de commencer le récit du naufrage de mon grand-père un rappel "historique" est utile à la compréhension de la situation.
1917, la première guerre mondiale est à un tournant, l'allemagne renforce son blocus, les U.S.A entre dans le conflit, de nombreux pays neutres prennent partie contre le kaiser.
Tous les hommes valides sont mobilisés et se battent dans des conditions terribles. Pourtant certains hommes, comme mon grand père a échappé à cette boucherie. Selon mon père son statut de père de 7 enfants lui a évité d'être mobilisé.
1917, année noire, beaucoup lui ont donné ce nom, elle le mérite bien si l'on pense à tous ceux qui ont laissé leur vie dans les tranchées ou, en mer, torpillé par les U-Boat allemands.
Si 1916, l'année de la bataille de Verdun, 1917 fut celle des mutineries... Tout cela est si vite dit, et mérite plus d'explications:
La bataille de Verdun s'est enlisée du 21 février au 19 décembre, sur une bande d'environ 20 kilomètres sur 4. Elle a coûté la vie à plus de 300 000 hommes français et allemands.
Les mutineries de 1917 sont la conséquence du mépris des officiers français, et en particulier des généraux Nivelle et Pétain pour la vie des soldats français. Elles ont touché près des deux tiers des divisions engagées. Certains régiments ont majoritairement refusé de sortir des tranchées. Les condamnations à mort pour l'exemple ne ralentissent pas le mouvement qui durera jusqu'en septembre.
Plus de 3500 soldats seront condamnés, entre 550 et 600 à mort. La grâce présidentielle, en sauvera un grand nombre puisque selon les sources on compte entre 30 à 70 exécutions.
Terrible, 1917 l'est à bien d'autres égards.
Les conditions météo n'arrangent rien en ce ce début d'année, les températures atteignent -15° à Paris, il neige un peu partout en France, jusqu'à Toulouse qui sera bloquée quelques jours en février.
La vie des civils est difficile, restriction de pain de sucre, la carte de pain est instaurée, celle de sucre envisagée. Faute de charbon, les allemands occupant les principales régions minières, les trains sont rares. Les gens et les produits circulent mal.
Le 31 janvier, le kaiser décrète l'aggravation du blocus de l'Angleterre, la France et l'Italie. Tous les navires se trouvant à moins de 20 milles des côtes de ces pays sera torpillé sans avertissement. La mesure porte immédiatement ses fruits, beaucoup de pêcheurs restent au port et désarment leur bateau, quelques uns bravent l'interdit, en février 15 bateaux de pêche sont coulés la même semaine.
Des navires marchands de toute nationalité sont victimes des sous-marins allemands, ces pertes vont accélérer l'entrée de l'Amérique dans la guerre, ce sera chose faite le 6 avril.
Dans toute l'Europe des troubles éclatent du fait des conditions de vie plus que précaires des populations.
En Russie, à la fin février ces troubles tournent à l'émeute puis à la révolution, le tsar Nicolas II abdique, ce n'est pas encore la révolution d'octobre mais c'est le commencement.
En Espagne, en Grèce, la situation est explosive.
1917 est bien une année terrible, et ce dès les premiers mois de l'année.