Lise : Le vin de
solitude d'Irène
Némirovsky. Hélène a 8 ans et vit à Kiev
dans une famillle de la haute bourgeoisie. Son père, Boris est juif et possède
des mines d'or en Sibérie. Nous sommes en 1903. Boris fait vivre femme, fille et beaux
parents. Hélène vivra avec le trio père-mère-jeune amant de sa mère. Ils déménagent au gré des affaires
paternelles et des fuites si bien qu'ils n'auront de vrai ancrage nulle part.
La fortune de Boris se déplacera à Paris avant qu'il ne soit désargenté et,
malade, ne décéde. Hélène aura la haine de sa mère puis fera sa valise pour
partir, avec son chat, afin de se libérer de cette famille malsaine. Non sans
avoir séduit l'amant de sa mère pour se venger d'elle. Descriptions et style
superbes.
Michèle Laurent :
Les cendres d'Angela, une enfance irlandaise
de Franck Mc Court. C'est l'enfance de l'auteur à partir de ses 4 ans, en
Irlande, au retour de la famille des Etats Unis. Description réaliste d'une
enfance misérable, incroyablement sordide, avec la mère qui doit se battre
seule. Un témoignage de dignité. « Pire que toutes les enfances
misérables ». La description de la naissance spectaculaire de la petite
sœur est un événement mémorable. C'est aussi une histoire rayonnante dans
laquelle « on s'y voit ». Emerveillement de lecture.
Martine : Les
amants du spoutnik d'Haruki
Murakami. Histoire japonaise à trois
personnages :K., le narrateur, professeur des écoles, solitaire, Sumire, émotive et fantasque, qui
écrit sans publier et Miu son
aînée de 17 ans. Miu et Sumir s'aiment mais Sumir est davantage amoureuse. Elle
devient la secrétaire de Miu et se socialise. Elles partent en voyage à travers
des pays d'Europe et Sumir, qui s'occupe de tout facilite la vie de Mui lui
faisant vivre, ainsi, ses premières vraies vacances. Sumir va insister auprès
de Mui pour qu'elle lui raconte son secret, son histoire cachée. Souvenir qui
disparaîtra aussitôt. La mémoire d'un ordinateur révèlera deux rêves, dont le fameux et
mystérieux secret.La fin est étrange, déroutante, entre rêve et réalité.
Michèle Chapelain :
Je viens de toutes mes enfances de
Jacques Salomé. Sa
mère a 16 ans à sa naissance. Elle est à l'Assistance Publique et y restera,
avec son enfant, jusqu'à sa majorité à 21 ans. À
ses 9 ans, Jacques, atteint de la tuberculose osseuse, partira pour
passer 5 années en sanatorium, période pendant laquelle sa mère ne pourra lui
rendre visite que quatre fois. Il n'aura de cesse de protéger cette mère,
abandonnée petite, qu'il surprendra pleurant et s'adressant à propre mère qu'elle veut retrouver. Il la
rassurera sur ses « bonnes nuits » alors que, transpirant, il ne
cesse de faire des cauchemards épouvantables. A 15 ans, Jacques parlait à son
père, Pierre, qu'il ne verra jamais, mais dont sa mère lui a donné une belle
image. Pour Jacques Salomé on a plusieurs enfances : familiale, amicale,
amoureuse, adolescente, imaginaire. Survivre aux situations rencontrées est facilité
par l'imaginaire. Il aura été
porteur d'une très grande tristesse et aura eu beaucoup d'amour maternel.
Nicole : Noli me tangere d'Andréa Camilleri. Cette jeune femme, italienne, quitte son domicile pour se rendre
dans sa maison de campagne où elle n'arrivera jamais. Son mari est inquiet et
souhaite qu'on enquête. On retrouve bien sa voiture dans un lac mais aucune
trace de la disparue. Elle a eu beaucoup d'amants. Son professeur d'art se
souvient de sa brillance et de sa fascination pour le tableau Noli me tangere
(« ne me touche pas ») dont elle avait une interprétation forte. Ce
sera le seul indice pour orienter les recherches...
Chantal : La vraie
vie d'AdelineDieudonné.
Une adolescente protège son petit frère
qu'elle veut sauver car il va de plus en plus mal à la suite d'un choc
psychologique. Sa mère est inexistante, terrorisée par un père horrible.
Passionnée de sciences physiques elle fait du baby sitting pour s'offrir des
cours particuliers. C'est le récit de
son combat dans cette famille où elle ne peut compter que sur elle (sa mère est
éloignée des enfants, c'est une « amibe »). La fin est dramatique et
libératoire. C'est l'histoire d'une jeune lutteuse dont la « vraie
vie » fut semée de peurs et de situations atroces.
Eric : S'enfuir,
récit d'un otage de Guy
Delisle. B.D. L'auteur a enregistré le récit de la captivité de Guy,
membre d'une ONG, pris en otage en Tchétchénie pendant 112 jours. Ses geoliers
ne l'ont pas brutalisé mais ils n'avaient aucun moyen de communication.
Menotté, accroché à un radiateur, puis à un anneau dans le sol, il n'est
détaché que quelques instants, juste pour le nécessaire. On entre dans la
solitude de l'otage, on partage ses doutes, ses rêves de mariage, le défilé de
l'histoire de Napoléon dont il est un admirateur, les fois où il pensait
étrangler ses gardiens, ses hésitations à saisir des opportunités de fuite,
etc... Il fera le pas depuis une salle de bains et les péripéties de cette
évasion le conduiront en Russie avec, au final,
cette promenade en voiture d'ambassade. Ce livre est très agréable à
lire.
L'avancée des travaux d'Etienne
Davodeau. B.D. De courtes nouvelles. « ça vaut le coup d'être
lu ».
Debout
les morts, Fred VARGAS. (Février 2019)
Fred VARGAS est née en 1957, c’est son nom de plume qui
fait référence parmi les auteurs policiers français.
Frédérique Audoin-Rouzeau est ou plutôt était avant qu’elle
se consacre désormais à l’écriture une archéozoologue qui a écrit de nombreux
ouvrages savants pour rendre compte de ces recherches archéologiques et
zoologiques.
Dans ces romans policiers elle est fidèle à quelques
personnages toujours un peu décalés, son principal héros, le commissaire Adamsberg
apparaît dans de nombreux romans, les trois évangélistes participent à trois
histoires, mais Fred Vargas aime mélanger les personnages, dans certains romans
les évangélistes rencontrent le commissaire Adamsberg pour former un mélange
détonant.
« Debout les morts » est son quatrième roman paru
en 1995, il a été récompensé à deux reprises, par le prix du polar de la ville
du Mans et par le prix mystère de la critique en 1996.
C’est l’histoire de… trois mecs dans la
« merde », selon leurs dires. Tous les trois historiens chercheurs,
sans emploi ou presque. Marc, le médiéviste, a trouvé une vieille baraque
pourrie, il recherche des colocataires parce que le loyer même modeste est
au-dessus de ses moyens. Il pense à Luc, spécialiste de la première guerre mondiale,
actuellement remplaçant dans un établissement privé, et à Mathieu, le passionné
des origines de l’homme bloqué dans un univers de cueilleurs chasseurs. Tous
trois, plus ou moins à la rue dans un avenir très prochain acceptent.
Marc leur impose son oncle et parrain, un ancien flic qui a
connu des hauts et des bas dans son administration, le commissaire à la
retraite Vandooster. Chacun hérite d’un niveau dans la bicoque en fonction de
leur strate d’études historiques à Mathieu, le rez de chaussée, à Marc le
premier étage, Luc est au deuxième et Vandooster au grenier…
Ce dernier les appelle vite « les évangélistes »,
Saint Mathieu, Saint Marc et Saint Luc.
Avec les moyens du bord ils retapent la maison pour qu’elle
soit au moins habitable, mais pas de téléphone ni de télévision…
Très vite chacun trouve ses marques et une bonne harmonie
règne parmi eux.
Ils font connaissance avec leur voisine, Sophia Siméonidis,
une cantatrice célèbre. Elle fait appel à eux pour lever un mystère, un jeune
arbre, un hêtre a été planté récemment au fond de leur jardin, son mari ne
semble pas inquiet mais elle trouve très bizarre cette apparition. Les trois
compères décident de se transformer en ouvriers de la ville pour creuser
dessous cet arbre, ils ne trouvent rien.
Delà naît une amitié entre voisins, le mari toujours parti
n’est pas associé au groupe. Sophia leur fait connaître son amie Juliette qui
tient un petit restaurant dans les environs immédiats.
Mathieu est même embauché comme serveur.
Mais Sophia disparaît sans un mot.
L’ancien flic pousse les évangélistes à se renseigner. De
leurs recherches auprès de son mari il en ressort que Sophia serait partie
à Lyon rejoindre un ancien ami.
Surviennent alors Alexandra et son fils Cyril. Elle a fait
appel à sa tante pour se sortir d’une situation difficile. Marc la trouve,
trempée devant le portail de la propriété de Sophia, il l’invite à venir
s’abriter chez eux. Elle se refuse à admettre que sa tante ait pu s’absenter
sachant qu’elle arrivait avec son fils. Les évangélistes et leur acolyte
reprennent l’enquête, Vandooster a gardé un contact dans la police, le
commissaire Le Guennec, un breton pur jus avec qui il a partagé quelques
galères et quelques virées bretonnes…
L’enquête repart mais on retrouve ce qui semble bien être
les restes carbonisées de Sophia dans une voiture incendiée volontairement.
La piste criminelle est évidente mais les recherches
piétinent jusqu’à l’arrivée d’un nouveau personnage, Christophe Dompierre..
Il cherche à établir le lien qui pourrait relancer une
enquête menée quinze ans plutôt à la mort de son père faussement accusé de
trafic de drogue et qui n’a jamais aboutie. Son lien avec Sophia semble ténu
mais mais…
Manque de chance alors que notre commando d’investigation
était sur une nouvelle piste, Dompierre qui aurait pu les renseigner sur ce qui
pouvait relier Sophia à cette vieille histoire se fait assassiner.
Sur le lieu du crime on trouve un couteau avec les
empreintes de Sophia.
« Debout les morts ! » s’écrient Saint Luc,
Sophia n’est pas morte !
On repart à zéro, Marc ne peut croire à la culpabilité de
Sophia, et pourtant tout semble l’accuser, des cheveux qui semblent lui
appartenir sont trouvés près du cadavre de Dompierre.
Après ce nouveau rebondissement impossible de lâcher le
roman et l’enquête menée par ces personnages loufoques et sentimentaux, Mathieu
est « secrètement » amoureux de Juliette et Marc en pince pour Sophia
un peu aussi pour Alexandra, Fred Vargas
nous entraîne dans une enquête atypique qui rappelle un peu la veine des romans
de Donald Westlake et ses antihéros pleins d’humour.
Difficile de classer ce livre parmi les différents genres
du roman policier mais est-ce bien nécessaire si le plaisir de le lire est là
du début à la fin.
La fin, justement.
C’est Marc qui va deviner ce qui peut se cacher derrière la
trop gentille Juliette, qui aurait tant voulu devenir cantatrice, qui a même
remplacé Sophia quand cette dernière a été agressée quinze ans auparavant.
Mais l’expérience a tourné court, les critiques dont le père
de Christophe Dompierre ayant mis fin à sa prestation…
La vengeance, voilà le mobile.
Je vous laisse faire un petit effort si vous souhaitez
connaître la fin du fin…
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