vendredi 18 janvier 2019

Groupe de lecteurs AEPR, "Couleurs de l'incendie"

Couleurs de l'incendie, Pierre LEMAITRE

AEPR Anciens Groupe  de lecteurs

séance du jeudi 22 novembre 2018
Nous étions 10 : Chantal, Nicole, Michèle C., Jean-Pierre,
Roger, Charles, Martine, lise, Michèle L. et Michèle P. 

Michèle L . : Le quai de Ouistreham Florence Aubenas. L'auteure, journaliste, fait une immersion pendant plusieurs mois dans le monde du personnel de nettoyage. Elle candidate incognito, ayant changé la couleur de sa chevelure, et fera beaucoup de CDD avant d'obtenir un CDI. Elle dénoncera tout ce qui est anormal et décrira les relations de certains employeurs antipathiques n'ayant aucune considération pour les ouvrières. Elle montre les difficultés à être embauché et découvre un monde qui lui était complètement inconnu. Il y a de l'entraide dans les relations avec ses collègues.

Martine : Le suspendu de Conakry J.C. Ruffin. Policier. Un plaisancier « blanc » retrouvé pendu au mât de son bateau, une femme nue sur le pont.... Un membre du service consulaire de l'ambassade, qui rêvait d'être policier, veut résoudre l'énigme . C'est un original, couvert chaudement malgré la forte chaleur, amateur de Tokay, pianiste, sensible et très psychologue. Il va sympathiser avec la sœur du pendu qui vient pour rechercher la vérité.

Charles : Sonia I. Karpowich. Un réalisateur demande à Sonia de raconter sa vie afin de construire un scénario. Elle a été maltraitée. Son père a été accusé du meurtre de sa mère. Pendant l'occupation allemande dans ce village à la  frontière entre la Pologne et  la Biélorussie, elle subit la vindicte de ses voisins car elle est belle et fréquente un jeune soldat ennemi , homme plein d'humanité. Nicolas naîtra de cette relation. Enorme tuerie lors du soulèvement des paysans contre l'envahisseur.

Michèle C. : Le pays que j'aime Caterina Bonvicini. Olivia est la fille d'une famille italienne richissime et Valério est le fils de leur jardinier. La famille riche fait tout pour intégrer celle de Valério. Les enfants sont très proches et le grand père d'Olivia les conduit à l'école dans sa voiture blindée. Cet homme sera assassiné pour avoir refusé un prêt important à un de ses « amis ». Blessée dans un attentat à Bologne la maman de Valério veut quitter leurs employeurs car ils se montrent indifférents lors de cet événement. Elle décide de quitter les lieux avec son fils, le papa refusant de s'en aller. Elle connaîtra la misère à Rome et y accueillera Olivia pour la protéger dans des conditions précaires. Puis les enfants seront éloignés l'un de l'autre, tout en continuant à s'écrire. Péripéties d'adultes, mariages, retrouvailles. Bien des épreuves pour chacun d'eux avant le rapprochement final. Valério offrira des conditions d'habitat excellentes à ses parents qui se sentiront déracinés dans un environnement social où ils se sentent exclus.     

Chantal D. : Et tu n'es pas revenu Marceline Loridan Evens . C'est une lettre d'amour à son père qui n'est jamais revenu de la déportation. Tous les deux ont été dénoncés et déportés en même temps lors de ses 16 ans. Elle a connu plusieurs camps et a y croisé son père une fois dans une scène bouleversante. Elle ne se sent pas bien accueillie en revenant dans sa famille  car on attendait beaucoup le retour paternel. Impossible de raconter son vécu, de partager ce passé que personne ne veut entendre. Elle a un rapport faussé avec son corps, dévoilé devant Menguele de triste mémoire. Elle refusera la maternité, sera soignée contre la tuberculose et tentera de se suicider. Toute sa vie elle aura la quête de ce père qu'elle aimait plus que tout. Elle en sera inconsolable. Ecrit poignant, glaçant parfois. Coup de cœur.

Nicole : Au grand lavoir Sophie Daull. L'auteure a subi deux traumatismes : jeune, sa mère a été assassinée puis elle perdra une fille de maladie. Roman auto biographique où la réalité et la fiction sont indissociables. Les deux personnages, la fille de la victime et le meurtrier, s'expriment à la première personne, trente ans après le drame. Condamné à perpétuité, il est libéré au bout de 18 ans et intègre un service municipal, dans une ville éloignée, ville dans laquelle elle est invitée à dédicacer le roman de leur histoire. Il est très tourmenté par sa venue et  sera tenté de s'y rendre. L'auteure écrit le vécu du meurtrier de sa mère avec empathie. C'est stupéfiant. C'est un récit sans suspense mais la qualité de l'écriture en fait tout l'intérêt. 

Roger : Les cigognes sont immortelles Alain Mabanckou. Ce roman, en partie autobiographique, est le récit, à la première personne, d'un jeune collégien de 13 ans. Trois jours d'événements, qui se passent au Congo et sont présentés sous un angle naïf, humoristique. Un plaisir de lecture. Les relations familiales, sur fond de polygamie, les voisins, le marché, la vie au collège sont racontés par Michel, doux rêveur, qui imagine des cigognes partout. On lui avait dit que les morts devenaient ces oiseaux. Tout se corse pour les siens lors de l'assassinat du président par un de ses oncles.

COULEURS DE L’INCENDIE, Pierre LEMAITRE.
Deuxième roman d’une trilogie, le troisième est à paraître, l’auteur le présente en rendant hommage à Alexandre DUMAS.
Difficile, en effet de ne pas penser aux histoires de vengeance de Dumas, et en particulier à Edmond DANTES. On se rappelle que ce dernier a été trahi par  ses amis et qu’il a passé toute sa vie à se venger.
On peut également penser à Zola et « La curée » ou à « César Birotteau » de Balzac.
Dans la construction de son roman Pierre Lemaitre soutient la comparaison avec ses illustres maîtres.
Nous sommes en 1928, Marcel Péricourt vient de mourir, il ne s’est jamais remis de la disparition d’Edouard, son fils. Le premier roman de la trilogie, « Au revoir là-haut » retrace les circonstances de cette disparition et les problèmes conjugaux de sa fille, Madeleine.
« Couleurs de l’incendie » débute par les obsèques de Marcel Péricourt, tout le monde cherche le petit Paul, celui-ci est monté au 2ème étage, il se jette par la fenêtre et vient s’écraser sur le cercueil de son grand-père.
Madeleine s’abandonne à l’influence de Gustave Joubert, le vice-président de la banque. Léonce, sa dame de compagnie supplée à toutes les tâches que Madeleine n’a plus la force de remplir. Charles Péricourt, le frère de Marcel essaie de profiter de la situation mais le testament lui est très défavorable. André, le percepteur de Paul et l’amant de Madeleine essaie de trouver un autre emploi, il souhaite devenir journaliste, Madeleine intervient auprès du directeur d’un grand journal qui accepte de le prendre comme chroniqueur à condition que Madeleine paie son salaire…
Paul survit à sa tentative de suicide mais il reste paraplégique.
Madeleine, rongée par le remords de ne pas avoir protégé son fils lui consacre désormais ses jours et ses nuits, très rapidement elle est incapable de faire face à toutes les tâches que suppose ce dévouement de tous les instants. Paul ne fait aucun progrès jusqu’au jour où Madeleine accepte de se faire aider par une infirmière à domicile. Après bien des tergiversations c’est une jeune infirmière de nationalité polonaise, ne connaissant aucun mot de français qui est embauchée.
Tout change pour Paul, grâce à Vlady il découvre la musique, l’opéra…  
Gustave profite de la faiblesse de Madeleine et la pousse à des opérations financières qui finissent par la ruiner tout en l’enrichissant. Il récupère sa fortune, sa maison de famille et se marie avec la pulpeuse Léonce, la dame de compagnie de Madeleine.
Madeleine achète un appartement avec les quelques ressources qui lui restent de sa fortune, avec  Paul et Vlady ils y emménagent. Au cours d’une visite d’André Paul a une crise d’angoisse, Madeleine congédie André et essaie de calmer son fils qui lui raconte le calvaire qu’il a vécu quand André était son percepteur, comment ce dernier a abusé de lui à chaque fois qu’elle sortait. Il lui explique qu’il cherchait protection auprès de son grand-père, sans toutefois lui révéler les agissements d’André. La disparition de son grand-père l’a poussé à se jeter par la fenêtre.
C’en est trop pour Madeleine. Le temps de la vengeance est venu.
Madeleine va voir  Dupré, l’ancien serviteur de son ex mari. A eux deux ils vont organiser et réaliser des plans qui n’ont rien à voir avec la « J »ustice. Chacun des protagonistes de sa ruine et du crime commis contre son fils vont devoir payer…  
Alexandre DUMAS peut ranger sa plume d’oie, Pierre Lemaître n’à rien à lui envier dans la mise en scène de la vengeance…

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